PASSION / LA TRANSFIGURATION
La Transfiguration
D’après une icône russe du XVè attribuée à Théophane le Grec, la Transfiguration est l’icône que selon la tradition, le moine iconographe devait réaliser au début de son apprentissage, afin qu’il puisse écrire ses œuvres suivantes à la lumière du Mont Thabor. Lieu et montagne sacrée où se déroule cet événement appelé Théophanie, où Dieu confirme à Jésus, comme le jour de son Baptême qu’il est son Fils Bien-Aimé.
Sur le Thabor, les disciples, Pierre jean et Jacques, saisis à la fois de frayeur et d’extase voient, debout, habillé d’une blancheur éclatante, entre Moïse et Elie, les deux voyants de l’Ancien Testament, le corps divinisé de Jésus, enveloppé d’une nuée lumineuse. Ils en tombent à la renverse et sont éblouis par la lumière incandescente.
Peu de temps après, Jésus va annoncer à ses disciples « qu’il sera livré entre les mains des hommes qui le feront mourir. Mais le troisième jour il ressuscitera » Matthieu 18/22-23
Cette vision sur la montagne les aura préparés à affronter le scandale de la crucifixion et les empêchera de désespérer. 2 Pierre 1/17-18. Devant le tombeau vide, Pierre et Jean seront les premiers à croire en la résurrection.
PASSION / LE ROI VIENT
Le Roi vient
Faisant partie des douze grandes fêtes orthodoxes, cette icône a fait l’objet de très nombreuses interprétations. La scène représente l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. La foule, notables et pauvres, femmes et enfants, vient l’accueillir, aux portes de la ville. Les enfants étendent des vêtements sous ses pas, cueillent et brandissent des palmes, en signe de fête. Jésus, humble roi monté sur un âne, accepte ces hommages. Mais son visage triste, tourné vers Pierre montre qu’il sait ce qui l’attend : la trahison, le reniement et l’abandon de ceux qui l’acclament aujourd’hui…
Réjouis toi, fille de Sion, ton Roi vient juste et victorieux , humble et monté sur un âne… Cette prophétie de Zacharie, reprise par les Evangélistes Matthieu et Jean, s’adresse aux femmes de Jérusalem. Sur le chemin du Golgotha, c’est elles que Jésus interpellera : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants ».
PASSION / L'ONCTION A BETHANIE, L'ONCTION DE PARFUM
L’Onction à Béthanie, l'Onction de Parfum
Interprétation d’une mosaïque de la cathédrale de Montreale, à Palerme, XIIème siècle, cette icône montre Jésus partageant un repas dans la maison de Lazare qu’il vient de ressusciter. Marthe est debout, servant les hommes, selon la coutume de son temps. Sa sœur Marie verse un parfum de grand prix sur les pieds de Jésus, au grand scandale de Judas et des notables invités… Sur la table et dans les mains de Marthe, cinq pains, deux poissons et des coupes de vin, évoquant à la fois, la multiplication des pains et la dernière Cène, l’abondance de la joie partagée et la souffrance de l’adieu…
« Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour ». Glorifiés par l’apôtre Paul, ces trois aspects de la vie du chrétien apparaissent au travers des trois personnages qui accueillent le Christ : Marthe qui a dit : « Je crois que tu es le Christ » symbolise la foi, Lazare qui est revenu à la vie nous parle d’espérance, et Marie, par son geste, personnifie l’amour…
PASSION / LA SAINTE CENE
La Sainte Cène
Copie d’une icône contemporaine, la Cène désigne le dernier repas de Jésus avec ses disciples, le soir du jeudi où il fut arrêté, traduit devant le tribunal des Juifs et devant Pilate et condamné à être crucifié, dès le lendemain.
Les douze sont encore une dernière fois, réunis autour de leur Maître pour ce repas rituel de la Pâque juive qui évoque la sortie d’Egypte et la délivrance de l’esclavage. C’est pourquoi il s’agit d’une table de fête, dressée dans une grande salle aux riches architectures. Mais le soleil voilé et la nuit étoilée évoquent la tragédie qui se nouera bientôt dans l’ombre du jardin de Géthsémané.
Judas, qui met la main dans le plat, s’apprête à trahir celui qui fut son Ami. Pierre qui deviendra plus tard le chef de l’Eglise, est assis à sa droite mais dans quelques heures il le reniera trois fois. Jean, le disciple bien aimé est couché sur le sein de Jésus. Il sera le seul à être présent au pied de la croix, avec quelques femmes disciples de Jésus.
Les paroles que Jésus prononce à ce moment là deviendront le cœur de la foi chrétienne et seront redites en mémoire de Lui, par ses fidèles, de siècle en siècle, jusqu’à aujourd’hui : « Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour vous. Prenez et buvez, ceci est le sang de la nouvelle alliance, versé pour vous. » Avec son corps comme nourriture et son sang comme boisson, celui qui vient à lui et croit en lui n’aura plus jamais faim ni soif…
PASSION / LE RENIEMENT DE PIERRE
Cinquième station : Le Reniement de Pierre
Cette icône fait partie du chemin de croix réalisé au sein de l’Atelier d’art Liturgique des Garrigues pour l’Eglise Saint Roch de Montpellier
Elle est inspirée du livre de Joris Van Ael : Le récit de la Passion en Seize icônes. Elle illustre les trois moments du reniement de Pierre, dans la cour de la maison du grand Prêtre où brûle un feu qui ne réchauffe pas l’âme du disciple.
"Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen. Pierre répondit: Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Le Seigneur, s'étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement." (Lc 22, 59-62)
Pierre ne se rend pas compte qu'en reniant son Seigneur, il renie aussi sa propre identité.
PASSION / LA CRUCIFIXION
La Cruxifiction
D'après une icône de procession datant de la deuxième moitié du Xlllème siècle et qui se trouve à Ohrid, dans la Galerie des icônes de l'église Saint-Clément.
Le décor du fond représentant le temple de Jérusalem est inspiré "d'une icône russe du seizième siècle. Au pied de la croix, se trouve représenté le trou sombre de l'enfer, l’Hadès où l’on aperçoit le crâne d’Adam. ( Golgotha qui signifie « crâne »)
A la droite du Christ, se trouve Marie, sa mère, le désignant; elle est remplie d'une grande gravité. A la gauche du Christ, se trouve Saint Jean l’Evangéliste, ou le théologien, ou le plus jeune des apôtres, désigné comme le disciple bien-aimé à qui le Christ confie sa mère: il sera son fils. Jésus-Christ est cloué à la croix.
Sur la croix, Christ assume la mort de tous les humains, esclaves du mal. Par sa Résurrection, il ouvre aux hommes qui s’identifient à lui, la voie d’une vie nouvelle. Par la croix et la résurrection, se manifeste la puissance de Dieu pour réconcilier avec lui toute l’humanité.
PASSION / LA CROIX DE SAINT DAMIEN
La Croix de Saint Damien
Inspirée d’une icône peinte en Italie au 12ème siècle, et déposée aujourd’hui dans la basilique Sainte Claire, à Assise. La tradition dit que François d’Assise priait devant cette image quand il entendit une voix venant du crucifix qui lui disait : « François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines ! »
Cette icône représente un « Christ de Gloire » : la posture du crucifié n’évoque ni la souffrance ni résignation, mais on peut, en la contemplant y lire un mélange de victoire (corps), de paix et de douceur (visage). Elle semble directement inspirée de l’évangile de Jean.
En le Christ, mort et souffrance paraissent englouties dans la glorification. Le corps de Jésus apparaît lumineux, se détachant sur fond noir. Il est vêtu du pagne de lin bordé d’or, l’éphod sacerdotal, peut-être évocation du Christ, grand prêtre miséricordieux et fidèle, de l’épître aux Hébreux.
Les yeux ouverts de Jésus, nous le désignent comme le « vivant ». Le médiateur regarde ici, entre ciel et terre, d’un regard grave et serein.
Les couleurs dominantes de cette icône sont le rouge et l’or, symboles de la divinité et de l’éternité. Elle nous invite à la contemplation du Christ qui, par sa mort sur la croix, nous sauve de la mort et du péché.
Les personnages sous les bras du Christ sont inspirés par l‘Evangile de Jean : Marie, Jean, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et un centurion.
Dans le médaillon supérieur est représenté le Christ ressuscité qui monte au ciel. Il tient une croix, signe de sa victoire sur la mort. La main du Père, située dans le demi-médaillon tout en haut de la croix, fait un geste de bénédiction. Cette bénédiction est don de l’Esprit.
En contemplant cette icône, nous pouvons faire nôtre cette prière qui fut celle de saint François devant cette croix :
Dieu très haut et glorieux, Seigneur Jésus
viens éclairer les ténèbres de mon cœur.
Donne-moi une foi droite,
une espérance solide
et une parfaite charité.
Donne-moi, ô mon Dieu
de te connaître et d’agir en tout
suivant Ta lumière
et ta sainte volonté !
Amen.
D’après une page rédigée par Catherine Priester avec l’aide du livret « L’Icône de saint Damien – Marc Picard
PASSION / JESUS ET LES DEUX LARRONS
Jésus et les deux larrons
Cette icône fait partie du chemin de croix réalisé dans l’Atelier Liturgique des Garrigues pour l’Eglise Saint Roch de Montpellier. Elle illustre la parole de pardon de Jésus sur la croix adressée au pécheur qui se repend alors que son compagnon refuse de reconnaître son crime. Au pied de la croix, les soldats se partagent sa tunique tandis que les chefs du peuple approuvent le supplice qu’ils ont ordonné. L’échelle qui a servi à installer Jésus sur la croix relie la terre au ciel comme un chemin de réconciliation.
«L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! Mais l'autre le reprenait, et disait: Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. Et il dit à Jésus: Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ». (Lc 23, 39-43)
Celui qui partage les rires de la foule ne reçoit pas de réponse, par contre celui qui reconnait l'innocence du condamné à mort obtient immédiatement la promesse de la vie éternelle.
PASSION / LA MISE AU TOMBEAU
La Mise au Tombeau
D’après une icône russe de l’école de Novgorod, du XVème siècle. Appelée aussi la Déploration, cette scène s’inspire de l’évangile de Jean.
De leurs gestes et de leurs pleurs, trois femmes rendent un dernier hommage à leur Ami et leur Maître et accompagnent le deuil de Marie, la Mère de Jésus.
Trois hommes jouent un rôle dans l’ensevelissement : Jean, le disciple bien aimé, Joseph d’Arimathée, un notable disciple de Jésus, qui reçoit de Pilate l’autorisation de prendre son corps et le déposer dans son propre tombeau. Le troisième est Nicodème, membre du tribunal des Judéens, qui vint une nuit rencontrer Jésus et entendre son enseignement sur la « nouvelle naissance ». Il apporte une quantité considérable d’aromates, digne d’un roi, pour ensevelir Jésus.
Lune et soleil s’obscurcissent tandis que le ciel se déchire comme le voile du temple à l’instant de la mort.
Ô mort, où est ta victoire, ô mort où est ton aiguillon ? Phrase tirée de l’épitre de Paul aux Corinthiens (I Cori 15/ 55) , elle promet que la mort et le péché sont engloutis. La victoire sur eux, est donnée par Christ crucifié et ressuscité. Elle nous assure, comme le suggère la blancheur du drap, de participer nous aussi au mystère de la résurrection.